Baux commerciaux et loi Pinel

Depuis la loi Pinel du 18 juin 2014, le cadre juridique des baux commerciaux a été profondément réformé pour mieux protéger les locataires, notamment les petites entreprises, et rééquilibrer les relations avec les bailleurs.

Baux commerciaux et loi Pinel : l'importance du conseil d'un avocat spécialisé

La signature d'un bail commercial constitue un acte juridique déterminant pour tout entrepreneur. Depuis la loi Pinel du 18 juin 2014, le cadre juridique des baux commerciaux a été profondément réformé pour mieux protéger les locataires, notamment les petites entreprises, et rééquilibrer les relations avec les bailleurs. Pourtant, malgré ces avancées législatives, la pratique révèle que de nombreux propriétaires continuent d'insérer des clauses dérogatoires qui contournent les protections légales. Face à ces pratiques, le recours à un avocat spécialisé en droit immobilier devient indispensable pour sécuriser votre engagement et protéger vos intérêts commerciaux. Cet article détaille les protections apportées par la loi Pinel, les dérogations fréquemment rencontrées, et les raisons pour lesquelles l'accompagnement juridique est essentiel avant toute signature.

Les protections renforcées de la loi Pinel pour les locataires commerciaux

Une durée minimale de bail garantissant la stabilité entrepreneuriale

La loi Pinel impose une durée minimale de neuf ans pour les baux commerciaux, offrant ainsi aux locataires une sécurité juridique et une visibilité indispensables au développement de leur activité. Cette durée permet aux entrepreneurs d'amortir leurs investissements initiaux, de construire une clientèle locale, et de développer sereinement leur fonds de commerce.

Cette stabilité contractuelle constitue un avantage considérable par rapport aux formules de location courte durée qui ne permettent pas de projeter son activité sur le long terme. Le locataire peut ainsi réaliser des investissements conséquents dans l'aménagement de son local, développer sa notoriété commerciale, et envisager l'avenir avec davantage de sérénité.

La flexibilité de résiliation triennale au profit du locataire

Parallèlement à cette durée minimale, la loi Pinel garantit au locataire la possibilité de résilier le bail à chaque période triennale avec un préavis de six mois, et ce sans avoir à justifier de motifs particuliers. Cette faculté de résiliation constitue un équilibre remarquable entre stabilité et flexibilité.

Le locataire dispose ainsi d'une réelle liberté de gestion : s'il souhaite développer son activité ailleurs, réorienter son projet professionnel, ou simplement mettre fin à son exploitation, il peut le faire à l'issue de chaque période de trois ans. Cette souplesse est particulièrement appréciable dans un contexte économique évolutif où la capacité d'adaptation constitue un atout majeur.

Un encadrement strict de la révision du loyer

La loi Pinel a introduit un encadrement rigoureux de la révision du loyer pour protéger les locataires contre les hausses brutales et imprévisibles. La révision ne peut intervenir que tous les trois ans, elle est basée sur l'indice des loyers commerciaux (ILC), et surtout, elle est plafonnée à 10 % d'augmentation par an.

Ce mécanisme de plafonnement constitue une protection essentielle contre les augmentations disproportionnées qui pouvaient, avant 2014, mettre en péril la rentabilité d'une activité commerciale. Le locataire peut désormais prévoir l'évolution de ses charges locatives et intégrer ces données dans ses prévisions financières, ce qui facilite la gestion budgétaire et améliore la visibilité économique.

La transparence et la limitation des charges récupérables

La loi Pinel impose au bailleur un encadrement strict et limitatif des charges récupérables sur le locataire. Le propriétaire doit non seulement lister précisément dans le bail les charges, impôts et taxes imputables au preneur, mais également justifier annuellement les montants facturés.

Cette obligation de transparence représente une avancée majeure. Avant la loi Pinel, de nombreux locataires se voyaient imposer des charges non détaillées ou manifestement disproportionnées. Désormais, toute charge non expressément prévue au bail reste à la charge du bailleur, ce qui incite ce dernier à la clarté contractuelle et protège le locataire contre les mauvaises surprises.

Le droit de préférence en cas de vente du local

L'instauration d'un droit de préemption (ou droit de préférence) au profit du locataire constitue une innovation majeure de la loi Pinel. Lorsque le bailleur décide de vendre le local commercial, il doit obligatoirement en informer le locataire en lui proposant d'acquérir le bien aux mêmes conditions que celles envisagées avec un acheteur tiers.

Ce droit de préférence permet au locataire de sécuriser son implantation commerciale en devenant propriétaire de ses murs, ce qui représente souvent un investissement stratégique pour pérenniser son activité. Il évite également le risque de voir arriver un nouveau propriétaire dont les intentions ou les exigences pourraient déstabiliser l'exploitation commerciale.

Une répartition équilibrée des travaux entre bailleur et locataire

La loi Pinel a clarifié et rééquilibré la répartition des travaux et charges entre les parties. Une liste limitative des travaux pouvant être imputés au locataire a été établie, tandis que les gros travaux structurels demeurent impérativement à la charge du bailleur.

Cette répartition protège le locataire contre l'imputation de travaux coûteux qui relèvent de l'entretien du patrimoine immobilier du propriétaire. Le locataire conserve la charge des réparations locatives et de l'entretien courant, mais ne peut plus se voir imposer des travaux de structure, de mise aux normes obligatoires, ou de réfection lourde qui incombent légitimement au bailleur.

Les dérogations fréquentes des bailleurs à la loi Pinel

Le recours au bail dérogatoire pour contourner la durée minimale

L'une des pratiques les plus courantes consiste à proposer un bail dérogatoire, également appelé bail de courte durée, d'une durée maximale de trois ans. Ce type de bail échappe au statut des baux commerciaux et permet au bailleur d'éviter de s'engager sur la durée minimale de neuf ans prévue par la loi Pinel.

Si le bail dérogatoire peut présenter un intérêt dans certaines situations spécifiques (test d'activité, occupation temporaire), il est parfois utilisé de manière abusive pour priver le locataire de ses protections légales. Certains bailleurs proposent même des renouvellements successifs de baux dérogatoires, ce qui est strictement encadré par la jurisprudence : au-delà de la durée maximale cumulée, le bail bascule automatiquement dans le régime des baux commerciaux classiques.

Le locataire doit être particulièrement vigilant avant d'accepter ce type de bail, car il renonce ainsi à l'essentiel de ses protections, notamment le droit au renouvellement et le droit à indemnité d'éviction.

Les clauses limitant ou interdisant la cession du fonds de commerce

Certains bailleurs insèrent des clauses abusives interdisant ou limitant fortement la cession du fonds de commerce par le locataire. Ces clauses sont contraires au principe de libre exploitation commerciale et à la liberté de céder son activité, droits fondamentaux protégés par la législation sur les baux commerciaux.

Une clause interdisant purement et simplement toute cession prive le locataire de la possibilité de valoriser son fonds de commerce, ce qui constitue un préjudice économique considérable. Le fonds de commerce représente souvent le fruit de plusieurs années d'investissement et de travail : en empêcher la cession revient à nier cette valeur patrimoniale.

La jurisprudence considère généralement ces clauses comme abusives et les annule régulièrement, mais leur présence dans le bail initial peut créer des contentieux longs et coûteux.

L'obligation d'exploitation personnelle du fonds

Les clauses imposant une exploitation personnelle du fonds de commerce par le locataire, sous peine de résiliation du bail, constituent une restriction excessive de la liberté d'organisation entrepreneuriale. Ces clauses empêchent le locataire de confier la gestion de son commerce à un préposé, de créer une structure sociétaire, ou d'adapter l'exploitation aux évolutions de son activité.

Ce type de clause est particulièrement contraignant pour les entrepreneurs qui souhaitent développer leur activité, créer une société, ou simplement s'entourer de collaborateurs. L'exploitation personnelle imposée limite considérablement les possibilités de croissance et d'adaptation structurelle de l'entreprise.

La fixation anticipée ou l'exclusion des indemnités d'éviction

Certains baux contiennent des clauses fixant à l'avance le montant des indemnités d'éviction ou, pire encore, excluant toute indemnité en cas de non-renouvellement du bail. Ces stipulations déséquilibrent fondamentalement le contrat en privant le locataire d'un droit essentiel.

L'indemnité d'éviction constitue une contrepartie légitime pour le locataire qui perd son emplacement commercial, sa clientèle locale, et qui doit supporter les frais de déménagement et de réinstallation. Fixer cette indemnité par avance, souvent à un montant dérisoire, ou l'exclure totalement, revient à nier la valeur du préjudice subi par le locataire évincé.

Ces clauses sont généralement considérées comme abusives par les tribunaux, mais leur insertion dans le bail témoigne d'une volonté du bailleur de contourner les protections légales.

Les clauses de résiliation unilatérale sans motif valable

Les clauses permettant au bailleur de résilier unilatéralement le bail sans motif légitime créent une insécurité juridique insupportable pour le locataire. Ce dernier se trouve à la merci d'une décision arbitraire du propriétaire, sans pouvoir anticiper ni sécuriser son activité commerciale.

Ces clauses violent le principe d'équilibre contractuel et privent le locataire de la stabilité nécessaire au développement de son entreprise. Elles sont généralement déclarées nulles par les juridictions, mais leur présence initiale dans le bail peut dissuader certains locataires d'exercer pleinement leurs droits.

L'indexation abusive du loyer sur des indices inadaptés

Certains bailleurs tentent d'imposer des clauses d'indexation du loyer sur des indices non conformes à la législation ou manifestement plus favorables à leurs intérêts que l'indice des loyers commerciaux prévu par la loi. Cette pratique aboutit à des augmentations de loyer disproportionnées et imprévisibles.

L'utilisation d'indices inadaptés ou la création d'indices composites favorables au bailleur constitue une dérogation inacceptable au mécanisme de révision encadré par la loi Pinel. Ces clauses peuvent entraîner des hausses de loyer très supérieures au plafonnement légal de 10 % par an.

L'imputation de charges et travaux disproportionnés au locataire

Malgré l'encadrement légal, certains bailleurs persistent à insérer des clauses imposant au locataire des charges ou travaux normalement à la charge du propriétaire, notamment les gros travaux structurels, les mises aux normes obligatoires, ou des dépenses manifestement disproportionnées.

Ces clauses violent directement les dispositions d'ordre public de la loi Pinel qui réservent expressément les grosses réparations au bailleur. Leur insertion dans le bail témoigne soit d'une méconnaissance de la législation, soit d'une volonté délibérée de transférer indûment des charges sur le locataire.

Les obligations respectives concernant les travaux dans le bail commercial

Les obligations impératives du bailleur

Le bailleur supporte l'ensemble des grosses réparations définies par l'article 606 du Code civil. Ces travaux concernent notamment la réparation des murs porteurs, de la toiture, de la charpente, des fondations, et de tous les éléments structurels du bâtiment.

Cette obligation est d'ordre public depuis la loi Pinel, ce qui signifie qu'aucune clause contractuelle ne peut la supprimer ni la transférer au locataire. Le bailleur doit également assumer les travaux de mise aux normes obligatoires, qu'il s'agisse de normes de sécurité, d'accessibilité, ou de toute autre réglementation imposée par les pouvoirs publics.

Cette répartition légale garantit que le propriétaire conserve la responsabilité de maintenir son patrimoine immobilier en bon état et conforme aux exigences réglementaires, sans pouvoir se décharger de ces obligations coûteuses sur le locataire.

Les obligations du locataire en matière de travaux

Le locataire assume les travaux d'entretien courant et les réparations locatives, qui comprennent l'entretien des sols, murs et plafonds, le remplacement des équipements défectueux comme les serrures, vitrines ou robinetterie, ainsi que l'entretien et la maintenance régulière des installations de chauffage, climatisation et ventilation.

Le locataire prend également en charge les travaux d'aménagement destinés à adapter les locaux à son activité commerciale spécifique, sous réserve d'obtenir l'accord écrit du bailleur lorsque ces travaux modifient la structure ou l'aspect extérieur du local.

À la fin du bail, le locataire peut être tenu de remettre les lieux en état si cette obligation est expressément prévue au contrat, sauf pour les aménagements qui constituent une amélioration du local et dont le bailleur peut bénéficier.

L'inventaire précis et limitatif obligatoire

La loi Pinel impose que le bail contienne un inventaire précis et limitatif des charges, impôts, taxes et travaux imputables au locataire. Cette obligation de transparence protège le locataire en évitant les imputations abusives ultérieures.

Toute charge ou tout type de travaux non expressément mentionné dans cet inventaire reste automatiquement à la charge du bailleur. Cette règle incite les parties à la clarté contractuelle et évite les litiges sur l'interprétation des obligations respectives.

La possibilité de préciser contractuellement certaines modalités

Si la répartition des grosses réparations ne peut être modifiée, les parties conservent une marge de négociation contractuelle pour préciser les modalités d'exécution de certains travaux, les délais d'intervention, ou les procédures de validation des devis.

Cette souplesse contractuelle permet d'adapter le bail aux spécificités du local et de l'activité, tout en respectant le cadre impératif fixé par la loi Pinel concernant les obligations principales des parties.

Pourquoi l'accompagnement d'un avocat spécialisé est indispensable

La vérification de la conformité du bail à la loi Pinel

Un avocat spécialisé en droit immobilier procède à une analyse exhaustive du projet de bail pour identifier toutes les clauses qui dérogent aux protections légales ou qui créent un déséquilibre contractuel au détriment du locataire.

Cette revue juridique permet de détecter les clauses abusives, les dérogations illégales, les ambiguïtés rédactionnelles, et toutes les dispositions susceptibles de fragiliser la position du locataire. L'avocat compare systématiquement chaque stipulation contractuelle avec les exigences de la loi Pinel et la jurisprudence applicable.

Cette vérification préventive évite de signer un bail déséquilibré dont les conséquences financières et opérationnelles pourraient compromettre la viabilité de l'activité commerciale.

Le conseil sur la répartition détaillée des charges et taxes

L'avocat examine en détail la répartition des charges, impôts et taxes prévue au bail et vérifie que celle-ci respecte les limites légales. Il s'assure notamment que seules les charges récupérables prévues par la loi sont effectivement imputées au locataire.

Il vérifie également que le bail contient bien l'inventaire limitatif obligatoire et que les modalités de justification annuelle des charges par le bailleur sont correctement prévues. En l'absence de mention expresse, l'avocat rappelle que les charges restent à la charge du bailleur, ce qui peut générer des économies substantielles pour le locataire.

La protection du droit de résiliation triennale et des autres droits fondamentaux

L'avocat veille à ce que le droit de résiliation triennale du locataire soit effectivement préservé dans le bail, sans condition restrictive ni pénalité abusive. Ce droit constitue une protection essentielle de la flexibilité entrepreneuriale.

Il s'assure également que tous les autres droits fondamentaux du locataire sont garantis : droit au renouvellement, droit à indemnité d'éviction, droit de céder le fonds de commerce, droit de préférence en cas de vente du local. Toute clause qui limiterait ou supprimerait ces droits est identifiée et doit faire l'objet d'une négociation.

La sécurisation des clauses de révision du loyer

L'avocat examine attentivement les clauses de révision du loyer pour vérifier qu'elles respectent l'encadrement légal : révision triennale, indexation sur l'ILC, plafonnement à 10 % d'augmentation par an.

Il identifie toute tentative d'utiliser des indices inadaptés, des formules de calcul avantageuses pour le bailleur, ou des mécanismes de révision plus fréquents que ceux autorisés par la loi. Cette vigilance préserve la prévisibilité budgétaire du locataire et évite les hausses de loyer disproportionnées.

La validation et la préparation des annexes obligatoires

La loi Pinel impose plusieurs annexes obligatoires au bail commercial : état des lieux détaillé, inventaire des charges, descriptif des travaux incombant à chaque partie. L'avocat s'assure que ces documents sont bien présents, complets et conformes aux exigences légales.

Il accompagne également le locataire dans la préparation et la signature de l'état des lieux d'entrée, document essentiel pour éviter les litiges ultérieurs sur l'état du local et les travaux de remise en état à la sortie.

L'assistance à la négociation du bail

Au-delà de la simple vérification, l'avocat accompagne le locataire dans la négociation des clauses déséquilibrées avec le bailleur. Fort de son expertise juridique et de sa connaissance du marché immobilier commercial, il dispose des arguments nécessaires pour obtenir des modifications contractuelles favorables à son client.

Cette négociation peut porter sur le montant du loyer, le montant du dépôt de garantie, la répartition des travaux d'aménagement initiaux, les conditions de résiliation, ou tout autre aspect du bail. L'avocat négocie dans l'intérêt exclusif du locataire, sans compromis sur les protections légales essentielles.

L'accompagnement lors des cessions et renouvellements de bail

L'avocat intervient également lors des opérations ultérieures sur le bail : cession du fonds de commerce avec transmission du bail, renouvellement du bail à l'expiration de la période de neuf ans, renégociation du loyer, demande d'indemnité d'éviction en cas de refus de renouvellement.

Ces moments clés de la vie du bail nécessitent une expertise juridique pointue pour sécuriser les opérations, respecter les procédures légales, et défendre efficacement les intérêts du locataire. L'accompagnement juridique garantit que chaque étape se déroule conformément à la loi et préserve les droits du locataire.

Les risques d'un bail commercial signé sans conseil juridique

Des surcoûts financiers importants et imprévisibles

Un bail mal négocié peut entraîner des charges financières considérables que le locataire n'avait pas anticipées : imputation abusive de travaux coûteux, hausses de loyer disproportionnées, charges non justifiées, pénalités excessives.

Ces surcoûts peuvent gravement affecter la rentabilité de l'activité commerciale et, dans les cas les plus graves, conduire à des difficultés financières voire à la cessation d'activité. L'économie réalisée en ne consultant pas un avocat avant la signature se révèle souvent dérisoire au regard des conséquences financières d'un bail déséquilibré.

Une flexibilité entrepreneuriale limitée

Les clauses restrictives insérées par certains bailleurs peuvent considérablement limiter la liberté de gestion du locataire : impossibilité de céder le fonds, obligation d'exploitation personnelle, restrictions sur les aménagements, conditions de résiliation pénalisantes.

Cette rigidité contractuelle empêche le locataire d'adapter son activité aux évolutions du marché, de saisir des opportunités de développement, ou simplement de mettre fin à son exploitation dans des conditions acceptables. L'entrepreneur se trouve enfermé dans un cadre contractuel inadapté à ses besoins.

Des contentieux longs et coûteux

Lorsque les déséquilibres contractuels génèrent des litiges, le locataire doit engager des procédures judiciaires pour faire valoir ses droits. Ces contentieux sont généralement longs, coûteux, et sources de stress et d'incertitude.

La contestation d'une clause abusive, la demande d'indemnité d'éviction, ou le refus de payer des charges non justifiées nécessitent l'intervention d'un avocat et peuvent durer plusieurs années. Il est donc préférable de sécuriser le bail dès sa signature plutôt que de devoir le contester ultérieurement.

Le risque de perdre son emplacement commercial

Dans les cas les plus graves, un bail déséquilibré peut conduire à la perte de l'emplacement commercial, soit par impossibilité de faire face aux charges financières, soit par résiliation imposée par le bailleur sur la base de clauses abusives.

La perte d'un emplacement commercial représente souvent un préjudice considérable : perte de la clientèle locale, coûts de réinstallation, interruption d'activité, perte de notoriété. Ces conséquences peuvent compromettre définitivement la pérennité de l'entreprise.

Conclusion

La loi Pinel a considérablement amélioré le cadre juridique des baux commerciaux en renforçant la protection des locataires à travers plusieurs mécanismes essentiels : durée minimale de neuf ans, droit de résiliation triennale, encadrement de la révision du loyer, limitation des charges récupérables, droit de préférence en cas de vente, et répartition équilibrée des travaux.

Toutefois, ces avancées législatives ne suffisent pas à garantir une protection effective si le bail signé contient des clauses dérogatoires qui contournent ces protections. Les pratiques de certains bailleurs démontrent la nécessité d'une vigilance accrue lors de la négociation du bail commercial.

Le recours à un avocat spécialisé en droit immobilier constitue un investissement stratégique qui permet de vérifier la conformité du bail à la loi Pinel, d'identifier les clauses abusives, de négocier des conditions équilibrées, et de sécuriser l'ensemble des aspects contractuels. Cette expertise juridique préserve vos intérêts financiers, garantit votre flexibilité entrepreneuriale, et évite les contentieux coûteux.

Face à l'importance de cet engagement contractuel pour votre activité commerciale, il est vivement recommandé de consulter un avocat spécialisé avant toute signature de bail commercial. Cette précaution vous permettra d'aborder votre projet entrepreneurial avec sérénité et sécurité juridique.

FAQ : Bail commercial et loi Pinel

Qu'est-ce que la loi Pinel et comment protège-t-elle les locataires commerciaux ?

La loi Pinel, adoptée le 18 juin 2014, est une réforme majeure du droit des baux commerciaux qui vise à rééquilibrer les relations entre bailleurs et locataires. Elle impose une durée minimale de bail de neuf ans tout en accordant au locataire la possibilité de résilier tous les trois ans sans justification. Elle encadre strictement la révision du loyer avec un plafonnement à 10 % d'augmentation annuelle et une indexation sur l'ILC. La loi limite également les charges récupérables sur le locataire et impose leur justification annuelle par le bailleur. Elle instaure un droit de préférence permettant au locataire de se porter acquéreur en cas de vente du local. Enfin, elle clarifie la répartition des travaux en maintenant les grosses réparations à la charge exclusive du bailleur, ce principe étant d'ordre public et donc non négociable. Ces protections visent à sécuriser l'activité commerciale du locataire et à lui offrir une meilleure visibilité financière.

Quelles sont les clauses abusives les plus fréquentes dans les baux commerciaux ?

Les clauses abusives les plus couramment rencontrées incluent d'abord le recours au bail dérogatoire de courte durée qui permet au bailleur de contourner la durée minimale de neuf ans et de priver le locataire de ses protections légales. On trouve également des clauses interdisant ou limitant excessivement la cession du fonds de commerce, ce qui empêche le locataire de valoriser son activité. Les obligations d'exploitation personnelle du fonds constituent une autre restriction fréquente qui limite la liberté d'organisation de l'entrepreneur. Certains bailleurs insèrent des clauses fixant par avance des indemnités d'éviction dérisoires ou les excluant totalement, privant ainsi le locataire d'une compensation légitime. Les clauses de résiliation unilatérale sans motif valable créent une insécurité juridique inacceptable. L'utilisation d'indices d'indexation non conformes permet des hausses de loyer disproportionnées. Enfin, l'imputation au locataire de charges et travaux normalement à la charge du bailleur, notamment les grosses réparations, constitue une violation directe de la loi Pinel.

Pourquoi consulter un avocat avant de signer un bail commercial ?

Consulter un avocat spécialisé avant la signature d'un bail commercial est indispensable pour plusieurs raisons essentielles. L'avocat procède à une vérification exhaustive de la conformité du bail avec la loi Pinel et identifie toutes les clauses dérogatoires ou abusives qui pourraient fragiliser votre position. Il examine en détail la répartition des charges, impôts et taxes pour s'assurer qu'elle respecte les limites légales et que l'inventaire obligatoire est bien présent. L'avocat protège vos droits fondamentaux, notamment le droit de résiliation triennale, le droit au renouvellement, et le droit de céder votre fonds de commerce. Il sécurise les clauses de révision du loyer pour éviter les hausses disproportionnées et imprévisibles. L'avocat valide également la présence et la conformité des annexes obligatoires comme l'état des lieux et l'inventaire des travaux. Au-delà de la vérification, il vous accompagne dans la négociation avec le bailleur pour obtenir des conditions équilibrées. Cette expertise préventive évite des contentieux ultérieurs coûteux et garantit la pérennité de votre activité commerciale.

Comment sont répartis les travaux entre bailleur et locataire dans un bail commercial ?

La répartition des travaux dans un bail commercial est strictement encadrée par la loi Pinel. Le bailleur supporte obligatoirement les grosses réparations définies par l'article 606 du Code civil, qui concernent tous les éléments structurels du bâtiment : murs porteurs, toiture, charpente, fondations, voiles. Cette obligation est d'ordre public et ne peut être transférée au locataire par aucune clause contractuelle. Le bailleur assume également les travaux de mise aux normes obligatoires imposés par la réglementation en matière de sécurité, d'accessibilité ou toute autre exigence légale. De son côté, le locataire prend en charge les travaux d'entretien courant et les réparations locatives, incluant l'entretien des sols, murs, plafonds, le remplacement des équipements défectueux, et la maintenance des installations. Le locataire finance aussi les travaux d'aménagement nécessaires à l'adaptation du local à son activité spécifique. Le bail doit impérativement contenir un inventaire précis et limitatif des charges et travaux imputables au locataire, faute de quoi ils restent à la charge du bailleur. Cette répartition claire protège le locataire contre les charges disproportionnées tout en responsabilisant chaque partie sur ses obligations.

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